Masterclass TNB Promotion 8

ENSAD du TNB
17 septembre au 3 novembre 2012
Dirigé par Daria Lippi, avec Francesca Breschi

Cet atelier est le premier à réunir la nouvelle promotion. Issus de cursus différents et singuliers, les apprentis vont approcher et se confronter à certains des principes fondamentaux de l’école, et fondamentalement la notion d’exercice en tant que méthode de travail permanente de l’acteur. Cette expérience va constituer la première base commune de leur groupe en devenir.

Les musiciens, les danseurs ont -eux- des entraînements qu’ils pratiquent tout le long de leur vie. Des bases, des gammes, des barres, des partitions : ils s’exercent à pratiquer un alphabet varié et codifié qui peut être mis en commun, comparé, confronté, renié, révolutionné…
Pour les acteurs cela est beaucoup plus relatif, on pourrait dire qu’il y a autant d’entrainements qu’il y a de praticiens, et même, pour ce qui est des acteurs occidentaux, que nombre d’entre eux ne considèrent pas nécessaire de s’exercer. Le training est au mieux considéré comme un échauffement, une préparation pour les répétitions ou les représentations, pour le « véritable métier » de l’acteur.
Je pense au contraire que lorsqu’il est bien formulé, l’exercice même le plus simple est en soi-même un protocole de travail et de recherche. Outre son champs spécifique, l’exercice apprend à l’acteur à travailler avec des contraintes, or il n’y a pas de scène sans contraintes, et pas non plus de créativité possible. Je pense que ces exercices montés en séquence, pratiqués avec rigueur pendant un temps prolongé, ne préparent pas mais constituent le travail théâtral.

Le corps de l’acteur est l’outil de sa recherche, il est aussi le champs de cette recherche.

Nous commençons à l’exercer avec la série préliminaire du ashtanga yoga (qui a en commun avec le travail scénique de l’acteur la notion de partition individuelle) et la musculation par le poids du corps, qui fait découvrir aux apprentis leur anatomie et leur apprend comment fonctionne leur outil d’artisans. La difficulté de ces deux méthodes exige un fort engagement des apprentis, et les résultats visibles qu’elles apportent leur permettent de constater que certaines choses dont il ne se sentait pas capable sont possibles. Cela rejoint une notion à l’œuvre au théâtre : dépasser ses limites, fouiller dans des endroits que l’on pensait inaccessibles, pour chaque jour progresser.

Les jeux nous permettent d’approcher la scène par ses règles de base : comment des contraintes en apparence simples et ludiques font émerger un système autonome et vivant dans lequel les acteurs produisent des actions cohérentes. Les jeux permettent aussi une première rencontre physique avec les autres et, par l’exploration ludique des relations de conflit, solidarité, imitation, transmission, le groupe commence à prendre forme.

Les petites phrases sont un exercice d’improvisation dirigée qui demande aux élèves de traduire, de mettre en scène des fragments de leur univers personnel, et commence à leur apprendre les rudiments de l’action scénique.

Le chant : pendant deux semaines, cinq heures par jour, les apprentis travailleront avec Francesca Breschi, membre du Quartetto de Giovanna Marini. Chanteuse de haut niveau, spécialiste du patrimoine populaire italien, pédagogue de longue date, Francesca s’attachera à donner aux apprentis une base technique et à leur transmettre des partitions polyphoniques qui constitueront de puissants moments collectifs sur le plateau.

Enfin la structure est un protocole élaboré pour intégrer en un même exercice tous ceux jusque là cités, y compris le chant. C’est un moment de travail où les éléments (espace, rythme, action, situation, rapport au collectif, au leadership, à la forme…) qui dans une mise en scène sont en général les moyens d’explorer une matière autre, fictionnelle ou poétique, sont ici l’objet même de l’exploration. Les contraintes de la structure sont simples, radicales, elles s’additionnent au fur et à mesure de la montée en puissance des praticiens jusqu’à former un réseaux complexe. Il y a des règles individuelles et d’autres collectives, avec pour chacun des parcours personnels et des points de rencontre communs. Les exercices ne sont pas hiérarchisés : le même niveaux d’exigence, la même importance est donnée au travail, qu’il soit corps, chant, improvisation, action ou texte. Ces règles évoluent avec la structure elle-même et la capacité du groupe à les intégrer, et donnent lieu, lorsqu’elles commencent à être mise en pratique de façon rigoureuse, à des véritables situations, voir à des moments spectaculaires.
De nature à évoluer sans cesse avec le travail des apprentis, la structure a l’ambition de se constituer en exercice de référence pour le groupe pendant le cursus. Au fil des trois années j’aurai soin de la reprendre régulièrement, et de régulièrement laisser aux élèves des temps de travail autonome. Elle sera présentée aux formateurs intervenants qui en exprimeraient le souhait, et qui y intégreront de nouveaux exercices et règles. Elles sera ouverte à des témoins en deuxième année, à des spectateurs en troisième. Elle constituera aussi le protocole de base pour les expériences d’échange entre apprentis et pour toutes les initiatives de décloisonnement des disciplines qu’élabore la cellule croisements.

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