C’est du théâtre ou c’est de la danse ? questionne avec ironie une des figures de L’Expression du tigre face au moucheron. On pourrait poursuivre en demandant : c’est un laboratoire scientifique ou un spectacle ? La création de L’Expression du tigre face au moucheron trouve ses racines dans une recherche pluri-annuelle qui réunit éthologues, neuroscientifiques et une équipe internationale de 12 acteurs, c’est aujourd’hui un spectacle de théâtre-danse à sa dernière étape de travail.
Un spectacle qui voyage entre poésie, humour et violence. Corps, texte, jeu et chant se partagent la scène et l’acteur est au centre : observant, analysant et mesurant, observé, analysé, mesuré, il est à la fois le chercheur et l’espèce animale rare que la pièce propose d’approcher. L’empathie et l’agression, deux fonctionnements communs à toutes les espaces sociales, sont le support théorique de l’imaginaire et du travail de plateau. La violence est pensée et portée à la scène comme élément structurel des rapports sociaux tant dans le monde animal qu’humain, et c’est par le décalage et le rire, de façon plus créative que didactique, que les acteurs-chercheurs partagent au public ce que la science nous apprend des comportements animaux et humains ou des fonctionnements du cerveau. C’est encore l’acteur, le groupe d’acteurs par son travail collectif, qui garde le public actif et le guide de surprise en surprise. Chacun des quatre actes est construit comme un univers en soi que le public est invité à venir voir de près. Par le jeu et l’itinérance qui modifie sans cesse le regard, ce spectacle n’a de cesse de questionner le rapport acteur/acteur, acteur/homme, homme/animal, acteur/spectateur de façon ludique et prégnante. Tous – acteurs et spectateurs – sont ainsi invités à s’observer eux-mêmes dans ce théâtre devenu laboratoire spectaculaire.
Les limites de la connaissance humaine, quel que soit le domaine, offrent un immense intérêt, intérêt d’autant plus grand peut-être que rien, ou presque rien, ne les sépare du
royaume de l’imagination. Charles Darwin