Textes

L'expression du tigre face au moucheron

Une grande partie des textes qui ne proviennent pas du travail d’écriture des acteurs au plateau sont des extraits du Voyage autour du monde à bord du Beagle de Charles Darwin. Il a 22 ans quand il embarque. Pendant 5 ans, sur mers, sur terres, il observe, récolte, conserve, identifie, nomme. Il rencontre des populations humaines, animales, minérales et végétales qui ne cessent d’attiser sa soif de connaissance. De la classification des espèces aux réflexions sur l’organisation et le fonctionnement des communautés autochtones, sa fascination pour le monde est contagieuse. De cette expérience qu’il dit être la plus marquante de sa vie, il livre des textes aussi poétiques que techniques, un journal de bord pointu qui se lit comme un roman. Retraduits pour la création, ces textes exposent dans une langue fluide et pleine d’humour ses observations minutieuses, toujours faites à la première personne. Ils ont tous en commun, et ce partage est celui du spectacle tout entier, le besoin viscéral de dégager les lois qui gouvernent le monde, et le constat inévitable que ce monde est trop vaste pour tenir à l’intérieur des lois.

Lui font écho les textes de Konrad Lorenz et Maëterlink. Chacun des ces auteurs, à sa façon, porte un regard sur le monde animal à la fois engagé et distancé, scientifique et philosophique. L’admiration effrayé de Lorenz pour l’organisation sociale d’une colonie de rat, ou l’emphase joliment datée de Maëterlink décrivant avec horreur les mâles parasites chez les abeilles, font voyager spectateurs et acteurs dans les langues et les imaginaires. L’enjeu est alors d’engager l’action, matière de travail de l’acteur, dans et avec une parole descriptive, car c’est l’action qui engage l’empathie du spectateur actif.

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